La curiethérapie parfois appelée brachythérapie (du mot grec ‘Brachy’ qui signifie distance courte) est une technique d’irradiation consistant à introduire des sources radioactives au contact ou à l’intérieur même de la tumeur. Ce traitement ciblé directement sur la zone concernée par le cancer permet de délivrer une dose élevée dans un petit volume épargnant ainsi les organes sains de voisinage.
Cette technique est couramment utilisée pour traiter le cancer du col de l’utérus, de la prostate, du sein ou de la peau. Elle est également proposée pour traiter des tumeurs dans de nombreuses autres localisations : tumeurs bénignes, cicatrices chéloïdes, sarcome des parties molles, tumeurs du cerveau, de l’œil, de la tête et du cou (lèvre, le plancher de la bouche, la langue, du nasopharynx et de l’oropharynx), des voies respiratoires (la trachée et les bronches), des voies digestives (canal anal), de l’appareil reproducteur féminin (utérus, vagin, vulve). La curiethérapie est utilisée de manière exclusive ou en association à d’autres traitements comme la chirurgie, la radiothérapie externe et la chimiothérapie.
Il s’agit d’une des irradiations les plus conformationnelle qui nous affranchie des mouvements internes possibles de la cible. En effet, les sources radioactives introduites dans le volume à traiter suivent les mouvements de la cible en fonction de la réplétion d’organes sains de voisinage comme par exemple la vessie, le rectum ou les anses intestinales, ou en fonction des mouvements respiratoires selon la topographie de la cible tumorale.
La curiethérapie dans le service d’oncologie radiothérapie de l’hôpital Tenon
L’unité de curiethérapie a été mise en place dans le service d’oncologie radiothérapie de Tenon, dès sa création, en 1933. Les techniques de curiethérapies nécessitent un apprentissage long. C’est une activité nécessaire à l’hôpital Tenon en raison de l’importance du pôle de gynécologie et de leur recrutement de cancers du col de l’utérus, de l’endomètre et du sein. Tenon est centre de référence de curiethérapie gynécologique et reçoit des patients adressés par des centres hors APHP (offre de soins en partenariat avec les CH d’Argenteuil, Montfermeil, Croix St Simon, Diaconesses, hôpital Begin, CH de Créteil et autres institutions privées).
Les principales localisations traitées par curiethérapie sont :
Le col et du corps de l’utérus
La curiethérapie est souvent utilisée dans le traitement du cancer du col de l’utérus à un stade précoce ou localement avancés. C’est une norme de soins dans de nombreux pays, comme en France (référentiels INCA). Utilisée en combinaison avec la radiothérapie externe, la curiethérapie fournit de meilleurs résultats que la radiothérapie externe seule, avec une augmentation significative du taux de rémission complète et de survie, avec un risque de toxicité bas. La curiethérapie est considérée comme un standard et un moyen thérapeutique efficace pour encore de nombreuses années.
Le sein
La radiothérapie est souvent proposé pour les femmes ayant subi une ablation de la tumeur ou une mastectomie. Après une chirurgie conservatrice, la curiethérapie du sein peut être effectuée comme un complément à la suite d’une irradiation de la totalité du sein par radiothérapie externe. Plus récemment, la curiethérapie exclusive est appliquée dans une technique appelée AIPS (Irradiation Accélérée Partielle du Sein), qui a pour but de cibler les rayonnements uniquement dans la zone d’exérèse tumorale après chirurgie conservatrice. L’avantage de la curiethérapie du sein par rapport à la radiothérapie externe est qu’une dose importante d’irradiation peut être appliquée avec précision dans le volume cible tout en épargnant le reste du parenchyme mammaire sain et les structures sous-jacentes comme les côtes et les poumons. Elle permet d’obtenir un contrôle local excellent, avec un bon résultat esthétique.
Le canal anal
Utilisée en association après un traitement par radiothérapie externe, elle permet de la même façon d’épargner les tissus sains (sphincters), augmente le taux de conservation d’organe et diminue le risque d’incontinence.
Les cicatrices Chéloïdes
Utilisée après exérèse chirurgicale de cicatrice chéloïde, elle permet la réduction significative du taux de rechute des cicatrices chéloïdes.
La curiethérapie à haut débit de dose d’iridium 192
Description du matériel
Pendant des années, les doses ont été délivrées en continu grâce à la pose de fils radioactifs d’Ir192 dans le volume cible. Le service s’est équipé en 2015 d’un projecteur de source haut débit de dose (Flexitron Elekta).
Le Projecteur de sources Flexitron (HDR) est complètement automatisé. Il comporte une source d’iridium de forte activité (10 Ci) qui se déplace dans 24 canaux assurant la réalisation de traitements de curiethérapie dont la distribution de dose est optimale, avec les meilleures conditions de radioprotection pour les personnels soignants et les malades.
La préparation
Le médecin place les guides (gaines) dans des moules personnalisés ou connectés aux applicateurs où va se déplacer la source radioactive. Dans certains cas, cette opération se fait au bloc sous anesthésie. Suite à la mise en place du moule ou de l’applicateur, des images scanner et IRM sont réalisées pour visualiser en 3D le système dans le corps de la patiente. A partir de ces images, le système de planification dosimétrique permet de définir de façon optimale la répartition de la dose dans le volume à traiter. Il calcule toutes les positions de la source pour répondre à cet objectif et à la prescription médicale. Ces informations sont adressées à l‘unité de contrôle du projecteur.
Le traitement
Dans la salle de traitement de curiethérapie, chaque guide vecteur est connecté à un canal du projecteur de source avant la séance de traitement. La patiente est allongée sur un lit, reste seule durant la séance, sous surveillance vidéo et peut communiquer avec l’équipe de manipulateurs par interphone. La source se déplace dans les guides pas à pas jusqu’à ce que la dose prescrite soit délivrée. La gestion des mouvements de la source (nombre de points d’arrêt et temps d’arrêt), permet d’optimiser la distribution de dose. Quand l’intégralité de la dose est délivrée, la source revient automatiquement dans le projecteur. Suivant le nombre de points d’arrêts de la source et son activité, la séance dure entre 15 et 20 min.
Le traitement est réalisé en séance (3 à 4 séances sur une ou plusieurs semaines) soit en hospitalisation soit en ambulatoire (cas des traitements des fonds vaginaux).
A l’issue de la séance, les guides sont déconnectés des canaux du projecteur et la patiente peut rejoindre sa chambre ou rentrer chez elle jusqu’à la prochaine séance s’il y a lieu.
La curiethérapie de prostate
La curiethérapie prostatique consiste en l’implantation de grains d’iode 125 radioactifs permettant d’irradier l’ensemble de la prostate. Cette technique présente l’avantage d’une irradiation très ciblée de la prostate. Ceci permet également d’épargner les organes alentours, réduisant très significativement le risque de complications.
Les grains, de la taille d’un grain de riz et dont le nombre est défini par la taille prostatique, sont implantés de façon permanente et leur activité décroit avec le temps.
L’implantation des grains se déroule sous anesthésie et nécessite une hospitalisation (3 jours, 2 nuits d’hospitalisation). Elle s’adresse aux patients ayant un cancer prostatique localisé.